Gilles Simon, un débat sexiste inutile ?
La rédaction

Défait au 2e tour de Wimbledon par Xavier Malisse, Gilles Simon s’est plus illustré en dehors des courts cette semaine avec sa sortie sur l’égalité des dotations hommes-femmes. Une polémique qui enflamme le circuit, mais qui n’a, visiblement, pas lieu d’exister.

A défaut de briller sur les courts, où il s’est fait éliminer sans gloire au 2e tour par Xavier Malisse, Gilles Simon fait beaucoup parler de lui cette semaine dans les travées de Wimbledon. Fraîchement élu au conseil des joueurs de l'ATP, le Français a créé la polémique en pointant du doigt la parité des dotations entre circuit masculin et circuit féminin en Grand Chelem, ainsi que les tournois mixtes qu'il souhaite supprimer. « Il exprime sa position, estime Patrice Hagelauer, le directeur technique national, joint par téléphone. Ce n’est ni celle des joueurs, ni celle de beaucoup de personnes qui s’occupent des tournois et de la promotion du tennis féminin. Il a lancé ce qu’il pensait. »

Un prize-money mal réparti

C’est le principal problème soulevé par Gilles Simon. Depuis 2007, les quatre tournois du Grand Chelem pratiquent une dotation unisexe. « On parle souvent de l’égalité dans les salaires, je trouve que ce n'est pas un truc qui marche dans le sport. Je pense qu'on est le seul sport aujourd'hui où il y a la parité hommes-femmes au niveau des prize-money, alors que le tennis masculin reste plus attrayant que le tennis féminin à l'heure actuelle », reproche le Français. Un avis partagé par Alizé Cornet, dont la vision se rapproche parfaitement des changements que l’ATP et la WTA devraient opérer : « Je trouve que l'égalité des prize-money devrait être la même sur les tournois ATP et WTA, là où on joue le même nombre de sets, et en fait, ils font un peu l'inverse: sur les Grands Chelems où les garçons jouent deux fois plus que nous, où ils ont des matches en cinq sets au bout de l'angoisse, là, ils gagnent pareil que nous. » « Je ne vois pas pourquoi, surtout sur un aussi petit nombre de tournois - car on ne parle que de huit événements où l'on est effectivement payées de la même façon que les hommes -, on nous enlèverait ça. Les deux tiers du temps, les hommes sont mieux payés que nous », a très justement fait remarquer Marion Bartoli, la numéro 1 française.

Comparer l’incomparable

 « Il faut oublier les comparaisons, souligne Patrice Hagelauer, ancien entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis. C’est une grosse erreur d’en faire. Les hommes ont leurs caractéristiques, les femmes en ont d’autres. La qualité n’est pas identique, elles ne sont pas constituées de la même façon. C’est un tennis différent, mais très intéressant. Quand on voit le match de Razzano contre Serena Williams à Roland-Garros, il y a eu un suspense fantastique et les deux joueuses sont allées jusqu’au bout de leur force... C’est une polémique qui n’a pas lieu d’exister. » « Cette demande de gagner plus d’argent dans les tournois du Grand Chelem intervient à un moment où l’intérêt pour le tennis masculin est incroyable et suscite l’intérêt. Ils sont en position de force. Mais ça pourrait très bien être l’inverse dans quelques années, ajoute Patrice Hagelauer. Il y a toujours des périodes. Elle est extraordinaire actuellement avec ces grands champions que sont Federer, Djokovic et Nadal. Mais si on regarde en arrière, il y a aussi eu une période extraordinaire dans le tennis féminin avec les sœurs Williams, Hénin, Clijsters et Amélie Mauresmo. Il y avait un spectacle de grande qualité, moins aujourd’hui. On est dans une période où il n’y a pas de superstar, pas de grandes confrontations. C’est cyclique chez les femmes. »

Un problème d’organisation

Autre problème pointé du doigt par Gilles Simon : les tournois mixtes, en dehors des tournois du Grands Chelem, où hommes et femmes se côtoient et partagent les courts. « Quand les tournois deviennent des évènements combinés, c’est surtout pour sauver la semaine des filles, explique le numéro 2 français. Quand à Rome, il y a 20 spectateurs pour assister à la finale dames et que l’année suivante, je ne peux pas m’entraîner sur le site une seule fois, parce que nous sommes trop nombreux, j’ai forcément les boules (sic). Et je pense que c’est légitime. » En accord avec lui concernant le prize-money, Alizé Cornet ne l’est pas du tout sur ce point-là. « Il est fou, Gilles ou quoi, s’est insurgée mercredi la Française après sa victoire au 1er tour contre Nina Bratchikova. On n'a pas les mêmes arguments, mais c'est tout aussi impressionnant : on fait avec nos capacités, notre physique, on n'a pas la même puissance, pas le même gabarit, et on arrive quand même à produire du très beau tennis. Et puis chez les filles, il y a ce côté dramatique qui fait que le public adore. » Pour Patrice Hagelauer, le problème est ailleurs. « C’est un problème d’organisation, nous a confié le directeur technique national. Les tournois doivent avoir des conditions qui correspondent aux attentes. C’est plus dans l’organisation qu’il faut chercher la réponse. »