Coralie Gassama et la révolution « Keyena »
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Coralie Gassama est une ancienne flèche du sprint français. Et si cette hurdleuse a désormais tourné la page du 400 mètres international, la voilà déjà lancée dans une toute nouvelle épreuve, entrepreneuriale cette fois. Fondatrice de la marque « Keyena », la Lyonnaise a créé des sur-semelles de protection qui pourraient rapidement révolutionner le monde de l’athlétisme. Et bien au-delà…

« Coralie, elle a la fibre… Ce qu’elle réalise à son âge, c’est exceptionnel. Je crois énormément en elle et en sa réussite ». En deux phrases, d’une profonde sincérité, Séverine Desbouys ne fait aucun suspens de l’estime qu’elle a pour Coralie Gassama. Ancienne cycliste professionnelle, Séverine Desbouys fait désormais figure de référence sur la thématique de la reconversion d’un sportif dans le monde entrepreneurial. A la tête de quatre sociétés, elle fait aussi partie intégrante du Palatine Women Project et accompagne notamment Coralie Gassama, ancienne sprinteuse française. A 25 ans, la Lyonnaise a pris la lourde décision de mettre un terme à sa carrière au plus haut-niveau. Lassée de soigner une blessure récurrente, la voilà désormais totalement impliquée dans le développement son nouveau bébé, la marque « Keyena », qui propose les premières sur-semelles de protection pour les pointes d’athlétisme. Un équipement révolutionnaire.

« La marche des pingouins, c’est insupportable »

Avec un chrono à 58’’26 sur 400 m haies, Coralie Gassama sait clairement de quoi elle parle quand il est question d’aller à l’entraînement et d’arpenter le tartan à longueur de temps. Une expérience, devenue expertise, qui a fait naître chez cette jeune femme pleine de ressources l’idée d’une sur-semelle pour rendre confortable ce qui ne l’est absolument pas lorsque l’on porte des pointes d’athlétisme aux pieds : « Athlète, c’était l’une de mes problématiques du quotidien, raconte Coralie. Se déplacer en dehors de la piste, avec des pointes aux pieds, c’est juste l’enfer (sourire). Ça m’agaçait. La marche des pingouins, c’est insupportable. Obligé de se mettre sur les talons, c’est tout sauf naturel et confortable ».
 
Au cœur de ses études et d’un cours sur l’entreprenariat, l’athlète tricolore se lance alors dans le projet un peu fou d’inventer sa fameuse sur-semelle. « Je me suis dit ‘Pourquoi pas’, c’est d’ailleurs ce que veut dire ‘Keyena’, le nom de la marque que j’ai créée. Pourquoi ne pas inventer ma propre solution et résoudre ma problématique, qui est aussi celle de mes amis athlètes ? Un outil qui permet d’être confort, dans un premier temps. Mais d’être bien plus également puisqu’on touche à l’optimisation de la performance sur bien des aspects ». Ne pas avoir à réfléchir sur un « est-ce que j’ai le temps d'enlever ou non mes chaussures ? » ou de mesurer si la distance n'est pas trop longue pour marcher sur ses talons. L’ambition première de Keyena, c’est de pouvoir rester concentré sur sa séance ou sa compétition et pouvoir se déplacer mieux (plus confortablement) et plus librement. Promesse tenue.

« Coralie, c’est l’athlète 4.0, moderne par excellence »

De l’idée à l’innovation révolution, en passant par la conception et le développement, Coralie Gassama franchit une à une les étapes de la parfaite startupeuse. Si le chemin est encore long, et les embûches nombreuses, difficile de ne pas saluer son courage, sa détermination et son envie de conquérir un marché qui lui tend clairement les bras. « C’est une fille qui a du culot, de l’audace et une certaine fragilité, reprend Séverine Desbouys. Elle a pu faire des erreurs dans son parcours mais elle a cette qualité d’être toujours à l’écoute et de demander de l’aide si cela lui semble nécessaire. Ça l’a fait grandir, au même rythme que son projet. Elle arrive sur une année charnière, elle en est parfaitement consciente. Elle maîtrise son produit, son écosystème, sa concurrence… Coralie, c’est l’athlète 4.0, moderne par excellence. Je suis convaincue de sa réussite ». Sur le marché depuis janvier 2022, la marque de Coralie Gassama a déjà convaincu un grand nombre d’athlètes tricolores. Des personnalités comme Pascal Martinot-Lagarde, Laura Valette ou encore Valentin Lavillenie ont très tôt rejoint la Keyena Family, qui s’agrandit mois après mois. Mais le marché de l’athlétisme n’est qu’une étape pour l’ambitieuse Coralie.

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Le cycliste dans le viseur

Les problématiques des pointes inconfortables se transposent chez les footeux et des crampons aussi glissants que capricieux lorsqu’on quitte les grasses pelouses. Et que dire des cyclistes, qui clipsent leurs chaussures sur des pédales ergonomiques et dont la marche n’est clairement pas prévue dans le cahier des charges. Sollicitée par des cyclistes curieux de voir une sur-semelle adaptée à leur problématique, Coralie Gassama est déjà à l’œuvre pour façonner son Keyena de demain. Football, Cyclisme, Golf ou encore Bobsleigh : son terrain de jeu est aussi grand que son ambition d’aller à la conquête des géants. Des monstres nommés Adidas ou Nike qui regardent déjà du coin de l’œil cette innovation fraîche et intelligente de l’ancienne sprinteuse tricolore devenue entrepreneuse convaincue. « Mon mindstet de sportive m’a beaucoup apporté, confesse Coralie Gassama. Mais je suis convaincue qu’on ne naît pas entrepreneur. Clairement, on le devient. Il y a tellement de paramètres à apprendre, à maîtriser. Le financier, la comptabilité, la R et D… Le sportif a cette qualité de savoir bien s’entourer avec l’aide d’un staff. J’ai transposé cela dans ma nouvelle vie et j’essaye de demander de l’aide quand c’est nécessaire. En ça, le mécénat de compétence du Palatine Women Project est tellement précieux ». Accompagnée, soutenue et parfois guidée, la Lyonnaise ne se fixe plus aucune limite, si ce n’est celle de son imagination. Reste à savoir si son chemin passera par la fabuleuse aventure d’une start-up qui a conquis le monde du sport ou si l’un des géants du marché des équipementiers lui offrira l’opportunité de collaborer, à échelle mondiale, sur le terrain de ces sur-semelles qui changent le quotidien…

Le Palatine Women Project, pour construire l’avenir

Engagée aux côtés des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 en tant que partenaire Premium de l’événement, la Banque Palatine a lancé la deuxième promotion du « Palatine Women Project », Coralie Gassama faisant partie de la première. «  Le sport féminin en général, et de haut niveau en particulier, est sous-médiatisé par rapport aux compétitions masculines, regrette Patrick Ibry, directeur général délégué de la Banque Palatine. Cette situation est un peu le miroir de la vie professionnelle où les femmes dirigeantes sont encore minoritaires. Notre volonté, lorsque nous avons lancé l’année dernière le Palatine Women Project, était de l’inscrire dans la durée et de pouvoir accompagner des sportives de haut niveau désireuses de développer leur projet d’entreprise. Nous avons commencé par une première promotion de quatre athlètes aux profils variés et je me réjouis que cette année, nous puissions doubler l’effectif. Nous nous félicitons d’avoir mobilisé tout un écosystème d’acteurs reconnus du monde du sport, d’entreprises – j’en profite pour remercier entre autres, Education First, Les Tricolores, Concilium Digital et le réseau de femmes PWN - autour de ces femmes passionnées et déterminées. Le programme équivaut à du mécénat de compétences auquel participent nos partenaires et tout l'écosystème du sport français ». Un acteur clé qui accompagne, booste et encadre les projets de ces sportives d’exception et dont la motivation est clairement d’écrire l’avenir entrepreneurial de ces championnes, au-delà du sport. Bon nombre d’entre elles sont appelées à poser les premières pierres de l’héritage de Paris 2024. A commencer par Coralie Gassama et la révolution « Keyena ».