XV de France : un maillot qui fait jaser
La rédaction

C’est la grande mode. Tous les grands pays de rugby voient leurs sélections arborer un sponsor sur le maillot national. Tous ? Non, presque tous. Les irréductibles Français résistent encore.

Tout est parti des All Blacks, qui ont indiqué il y a un mois que leur célébrissime tunique noire allait être floquée du logo de l’assureur américain AIG, laissant la France seule avec un maillot immaculé. Un particularisme que le XV de France compte garder.

Tous les autres ont cédé


Si la question se pose, c’est parce que les autres grandes nations ont toutes vendu leur « âme au diable ». L’Angleterre arbore l’opérateur téléphonique O2, l’Ecosse est sponsorisée par Bank of Scotland, l’Australie porte le logo de Quantas et désormais, la Nouvelle-Zélande a cédé aux sirènes d’AIG. Pourquoi ? Pour l’argent, bien entendu. La fédération néo-zélandaise de rugby, NZRU, est en déficit chronique d’environ 8 millions d’euros par an. Les tournées coûtent cher, et ce même si chaque rencontre rapporte 1 million d’euros. Surtout, dans le système anglo-saxon, les joueurs sont salariés de leur fédération, il y a donc en plus une masse salariale à assumer, et l’inflation des salaires n’arrange rien.

Chez les champions du monde, le budget total de la fédération, de 63 millions d’euros, n’est donc pas bouclé, et la NZRU pioche dans ses réserves pour rester à flot. C’est pour ça qu’elle a eu recours à un partenaire maillot, comme elle l’avait fait dans les années 90. La marque de bière Steinlager s’était alors affichée sur le célèbre maillot à la fougère dorée. Si tout le monde le fait, pourquoi pas la France ?

« Tout nu pour que j’essaye de vendre les bijoux de famille »
Pierre Camou, président de la fédération française de rugby (FFR), se refuse à vendre le maillot français, il en a fait,au micro de RMC une question de principe et de philosophie. « L’amour d’un maillot n’est pas à vendre, martèle-t-il. Le maillot de la France n’est pas une serpillère sur laquelle on s’assied ni un panneau publicitaire ». Pour le Président, c’est une question de défense de valeurs qu’il ne veut pas rendre mercantiles. « C’est ce maillot qui nous réunit, pas une marque dessus ». Pour une fédération dont le budget est de 90 millions d’euros, à l’équilibre et même légèrement bénéficiaire depuis 4 ans, il n’y a pas d’urgence. Et s’il fallait trouver de l’argent, Pierre Camou s’y prendrait autrement. « Je crois qu’on confond l’augmentation des recettes et le courage de tailler dans la dépense ».

En tout cas, il est catégorique : « Il faudrait que je sois tout nu pour que j’essaye de vendre les bijoux de famille. » La France n’est donc pas prête d’arborer une marque sous le coq. Elle n’en a pas le besoin économique, d’autant que ce sont les clubs qui paient les joueurs, la FFR n’a à prendre en charge que les périodes durant lesquelles les joueurs sont en sélection. Mais si un jour le projet de construction d’un stade qui lui appartiendrait se concrétise, pas sûr que la question ne revienne pas sur la table.

Par Ryad Ouslimani