Rugby : Cette équipe d’Ovnis qui pourrait faire sensation à la Coupe du Monde !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Adversaire du XV de France ce samedi à Nantes pour le troisième test-match des Bleus avant la Coupe du monde, l’équipe nationale des Fidji dispose de sérieux atouts offensifs qui ont de quoi faire trembler toutes les grandes nations. Des « Monster-Trucks » à qui il ne faudra pas trop laisser de ballons d’attaques.

La simple lecture de la feuille de match suffit à faire pâlir tous les connaisseurs du rugby. Tuisova, Radrada, Botia, Waisea… Chaque nom évoque un bulldozer bien connu du Top 14. Chaque joueur – ou presque - est une référence de notre championnat. C’est pour cette raison que les Bleus doivent se méfier de cette équipe dont les caractéristiques de jeu différent bien souvent des standards européens que le XV de France côtoie régulièrement lors du Tournoi des 6 Nations. « On connaît cet adversaire terrible, confirme Fabien Galthié. Ce sont les meilleurs attaquants du monde. On les connaît car ils jouent presque tous en France. Ce sont des joueurs de rugby magnifiques, dotés de potentiels exceptionnels. C’est un match qui va être dur mais au combien riche en enseignements pour nous. C’est le match parfait pour nous tester, et pour partir au combat. Ce sera un joli défi ». 

Maxime Lucu : «On va avoir la guerre»

Après la double confrontation contre les Ecossais, les Bleus vont donc passer un véritable crash-test contre une équipe qui va vouloir imposer son volume de jeu et tenter de mettre à mal la défense française. « Ça va être un jeu complétement différent de l’Ecosse, explique Maxime Lucu, qui sera titulaire en demi-de-mêlée ce samedi. Les Ecossais on les joue régulièrement. Les Fidji, on ne les affronte pas souvent. Mais on sait très bien que ce sont des joueurs virevoltants. On sait que ça être du jeu débridé, et beaucoup de pression dans les regroupements. Donc les premiers rucks vont être important. Il faudra avoir des soutiens offensifs bien plus efficaces que contre l’Ecosse parce que là on va avoir la guerre. Ensuite, plus on mettra du rythme, plus ils seront en difficulté parce que c’est une équipe qui est aussi désorganisée de temps en temps. Mais le moindre ballon perdu peut finir sur un essai de 100 mètres ». 

«Un enjeu tactique» pour Fabien Galthié

Face à une équipe imprévisible et des joueurs qui inspirent de la crainte, il faut donc savoir quelle stratégie employer. « On sait comment il faut jouer, précise Maxime Lucu. A nous d’être structuré, de mettre en place notre jeu patiemment. Et surtout d’être efficace avec le ballon et éviter ce qu’on a fait en Ecosse : perdre 17 ballons ! Parce que là ça risquerait de faire beaucoup de points au compteur à la fin. Donc il faudra régler ces scories et surtout mettre de la vitesse dans notre jeu. Ce sera la clef du match ». « Tactiquement c’est une autre approche, explique de son côté le sélectionneur Fabien Galthié. Au niveau tactique, clairement, il y a un enjeu pour nous. Il faudra faire les bons choix pour arriver à jouer juste face à cette équipe. On a identifié comment il fallait jouer pour performer ». Futur adversaire des Fidji en Coupe du monde dans la poule C, David Gérard, l’entraîneur des avants du Portugal, a bien étudié cette équipe fidjienne. Il ne se fait pas de soucis pour les Bleus samedi. A condition d’utiliser la bonne stratégie. « Face à eux, il faut structurer le jeu au maximum, détaille David Gérard. Ils détestent la structure. Plus le jeu va s’emballer, plus il y aura une perte de repères collectifs, plus ils seront forts. Et ce sont leurs individualités qui vont prendre le dessus. Ils ont la capacité d’être monstrueux dans le désordre. Et en termes de ligne de trois-quarts, c’est ce qu’il y a de plus puissant sur cette Coupe du monde. Ils ont un rapport vitesse-force qui est juste monstrueux ». 

Une paire de centre «dantesque»

Particularité de cette équipe fidjienne : la ligne de trois-quarts. Et notamment la potentielle paire de centre XXL Josua TuisovaSami Radrada. Peut-être la meilleure paire de trois-quart-centre du monde ! « Ces mecs-là sont capables de gagner des matchs tout seuls, confirme David Gérard. Ils ont un centre de terrain qui est dantesque. Et avec la belle rotation qu’ils ont chez les trois-quarts, le niveau ne baissera pas. Franchement ils font peur ! » Mais heureusement, la sélection fidjienne présente aussi des défauts. « Ils ont du mal à trouver une charnière stable et cohérente pour une conduire une stratégie propre à l’équipe, annonce l’ancien manager de Montauban. C’est ça qui leur joue des tours par moment. Et puis leur gros point faible, c’est la conquête. En touche et en mêlée, ils sont souvent en difficulté. Devant il faut les forcer à un combat collectif. Ils ont du mal à accepter ça. Ils n’aiment pas les équipes qui font des pick-and-go, des ballons portés, ou des double-poussées en mêlée. En revanche, plus il y aura du volume de jeu, plus ils seront forts. Si tu penses qu’à les jouer, tu seras en difficulté. Mais le vrai combat, ils aiment moins ». Les Français sont prévenus. 

Articles liés