Les Bleus du XV de France gagnent mais déçoivent
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

La France a remporté son deuxième match de la Coupe du monde en s’imposant contre l’Uruguay 27 à 12. Une prestation malheureusement très loin du festival offensif annoncé. La faute, un peu, à une coriace équipe d’Uruguay, mais aussi, surtout, à un match raté par les hommes de Fabien Galthié.

Non, c’est vrai, les Bleus n’ont pas perdu ce match qu’ils devaient gagner par un score record face à une soi-disant modeste équipe d’Uruguay. Cela aurait pu donc être pire. Mais ils se sont enlisés jusqu’au cou, et jusqu’au bout, générant même une dose d’inquiétude alors que les coéquipiers de Santiago Arata semblaient plus proches du bonus que de la sanction. A vrai dire, l’Uruguay méritait bien mieux ce jeudi soir au stade Pierre-Mauroy. Les statistiques le prouvent : 53% d’occupation, et 48% de possession. L’Uruguay a fait jeu égal avec les Bleus. L’impression visuelle était nette également. Los Teros ont dominé les impacts et breakés la défense française plusieurs fois. En face, les Bleus ont manqué 18 plaquages et concédé 15 pénalités. Loin des standards du très haut-niveau.

Beaucoup de frustration

A Lille, le public a fait le job, soutenu les Bleus, et chanté mille fois la Marseillaise. Mais les joueurs, eux, ont oublié quelques fondamentaux. « On faut beaucoup trop de fautes, explique le pilier droit Dorian Aldegheri. Du coup le match était trop haché. On va en reparler dans la semaine et le retravailler ». « Près des lignes, on n’était pas patients », tente d’expliquer le capitaine Anthony Jelonch.  « En attaque comme en défense, on a manqué de patience, confirme le jeune ailier Louis Bielle-Biarrey. Et sur les zones de ruck ils nous ont bien embêté. On n’a pas su mettre du rythme ». et tous ont le même mot à la bouche : « frustration ». Y compris Fabien Galthié, bien heureux de repartir avec une victoire. « Quand on voit le scénario du match, on n’arrive pas à le contrôler et prendre le score, raconte le sélectionneur. C’était difficile pour les joueurs psychologiquement. Je leur avais dit : gagnons le match. On n’est pas là pour faire des démonstrations. Mais il y a de la frustration. Surtout pour les joueurs. Parce que nous on a envie qu'ils s’amusent, on a envie qu’ils jouent, qu’ils soient heureux ».

Jelonch : « On ne va pas tout remettre en cause »

Contrairement à vendredi dernier, les Bleus n’ont pas vraiment le sourire. La prestation collective est criblée d’erreurs. Et les prestations individuelles ne resteront pas des références. Aucun joueur n’aura réussi à sortir la tête de l’eau. Aucun « coiffeur » n’a saisi l’opportunité, si rare en Coupe du monde, de marquer des points pour exister aux yeux du staff à l’heure des phases finales. Il y aura un deuxième essai jeudi prochain à Marseille contre la Namibie. Mais tous n’auront peut-être pas les honneurs du Vélodrome. Et surtout, une réaction collective est attendue. Histoire de tuer dans l’œuf l’inquiétude naissante. « On ne va pas tout remettre en cause parce qu’on a fait un match moyen, scande Anthony Jelonch. On a gagné. On retient la victoire. Et les supporters français seront derrière nous le week-end prochain ». En effet, les Bleus continuent leur route vers les quarts de finale.  Avec toujours quelques points d’amélioration.

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