Cyclisme : Le piège à éviter pour Alaphilippe…
Alexandre Higounet

Alors que Patrick Lefévère, le directeur sportif de la Soudal-Quickstep, a bâti toute sa stratégie pour les prochaines années autour de Remco Evenepoel, avec l’objectif de remporter le Tour de France, un danger pourrait bien guetter l’équipe belge, ainsi que son champion français Julian Alaphilippe. Explication.

Depuis quelques mois, Patrick Lefévère, le patron de la Soudal-Quickstep, a clairement orienté sa stratégie en faveur de Remco Evenepoel, orientant tous les investissements de l’équipe au service du champion belge, avec l’objectif de bâtir une équipe autour de lui pour le Tour de France. Dans un premier temps, Lefévère a visiblement envisagé de pousser Alaphilippe au départ pour libérer du budget pour recruter des lieutenants de haut niveau pour Evenepoel. Puis, devant le refus du Français, qui dispose encore d’un an de contrat, il semble avoir changé totalement d’optique en décidant de tout faire pour relancer Alaphilippe, qui devrait être amené à conduire de nouveau l’équipe lors de la prochaine campagne des classiques, l’équipe n’ayant pas les moyens de renforcer ce pole.

Lefévère a quelque part « donné les clés » à Evenepoel

C’est à l’aune de ce contexte qu’il faut d’ailleurs probablement lire les propos tenus récemment par Davide Bramati, le directeur sportif de la Soudal-Quickstep : « Je pense que Julian a été très malchanceux. Après la mauvaise chute de l'an dernier, ce n'était pas facile de repartir. Aujourd'hui quand on perd des mois, on ne laisse pas derrière soi que quelques courses, mais toute une base de solidité, de constance… par rapport aux années précédentes. Mais c'est un garçon qui a beaucoup gagné et je m'attends à ce qu'il gagne encore beaucoup. On a vu comment Julian a affronté le Tour, il a essayé presque tous les jours. Après la victoire au Dauphiné, peut-être lui aussi attendait-il un peu plus, mais le niveau est vraiment très relevé. Aujourd'hui, si vous perdez une semaine, c'est comme si vous perdiez un mois. Et le Tour s'est toujours couru de façon folle, à part une étape et les contre-la-montre. Après ce qu'il a vécu, je suis convaincu qu'Alaphilippe reviendra après cette saison. Il doit d'abord avoir une saison sans accrocs majeurs. Il lui faut encore l'hiver pour pouvoir travailler sur cette base et vous verrez l'année prochaine. Ce championnat du monde aurait pu être pour lui mais il est venu un peu épuisé. Les jours précédents, il n'était pas à 100% à cause d'un petit rhume. Mais maintenant, nous regardons vers l'avenir. Comme je l'ai déjà dit, il est important de boucler cette saison de manière cohérente ».

Evenepoel va-t-il écraser toute concurrence interne ?

Pour autant, un danger guette l’équipe Soudal-Quickstep, à savoir que Remco Evenepoel impose sa domination sur toute l’équipe en « écrasant » un peu le pole classique, et son leader Julian Alaphilippe, ce qui serait le meilleur moyen de créer une ambiance moins sereine. Il est en effet inquiétant de voir qu’à l’évocation de l’équipe pour le Tour l’an prochain, Evenepoel ne cite à aucun moment le champion français, qui sera pourtant très probablement là. Pourtant, eu égard au palmarès et au statut de Julian Alaphilippe, il aurait été logique que le champion belge ait un mot pour lui. Interrogé dans les médias belges sur la signature de Landa et l’équipe de l’an prochain, le dernier vainqueur de la Vuelta a ainsi répondu : « Je suis heureux de la signature de Mikel et j’espère que d’autres grands noms suivront. J’ai été déçu de ne pas pouvoir signer Pavel Sivakov et Laurens De Plus. Je pense que si tu as ces deux coureurs avec toi, tu peux aller à la guerre, surtout en montagne. Mais Landa est aussi un grand nom. Un coureur qui sait comment rouler des grands tours et comment en gagner avec son équipe. C’est peut-être le meilleur transfert qu’a réalisé Patrick Lefevere cette année. J’espère qu’il y aura encore un autre gars, peut-être un niveau en dessous de Landa, qui va arriver. Pour le prochain Tour de France, on a des coureurs super forts pour rouler sur le plat avec Kasper Asgreen et Yves Lampaert. C’est du niveau de Luke Rowe (Ineos) et Nathan Van Hooydonck (Jumbo-Visma). Mais il faut trouver la bonne balance entre les bons grimpeurs, les purs grimpeurs et les super domestiques. Avec Landa, j’espère qu’on a trouvé notre Sepp Kuss (Jumbo-Visma) ».

Articles liés