6 Nations : Dans quel état arrive le XV de France ?
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Le Tournoi des 6 Nations 2024 (2 février – 16 mars) va débuter avec le choc entre la France et l’Irlande. Le vainqueur s’ouvrira alors la porte du Grand Chelem. Pour les Bleus, ce Tournoi va aussi servir de nouveau départ. Après l’échec de la Coupe du monde, le XV de France attaque une nouvelle ère avec un nouveau staff, et aussi des nouveaux joueurs.

Une année de Grand Chelem

C’est ainsi pour le XV de France, les années paires sont plus abordables que les années impaires pour remporter le Tournoi des 6 Nations. Et aussi conquérir le Grand Chelem. Principalement parce que les Bleus reçoivent trois fois et ne se déplacent que deux fois. Mais surtout parce que les rencontres contre l’Irlande et l’Angleterre, les deux nations rivales actuellement, font partie de celles à domicile. Un avantage non négligeable dont a su profiter le XV de France d’Antoine Dupont en 2022. L’édition 2024 est donc supposée être un bon cru. Le match contre le XV du Trèfle, vainqueur du Grand Chelem l’an passé, dès l’ouverture du Tournoi à Marseille (2 février) va donner le ton pour la suite. Pour certains observateurs, c’est quasiment la finale qui se joue dès la première journée. Pour beaucoup, c’est aussi la finale que la Coupe du monde de rugby 2023 en France aurait dû connaître. Les deux équipes ont été éliminées de peu en quart de finale et ont toutes deux connu une frustration autant sportive qu’arbitrale. C’est donc avec un sentiment de revanche que les deux nations favorites vont débuter ce Tournoi. A l’inverse, si les Italiens sont en progression, les Gallois et les Anglais sont en reconstruction. Humilié par les Bleus à Twickenham la saison dernière, le XV de la Rose s’est refait une petite santé durant Le Mondial. Pas par le jeu pratiqué, mais par les résultats qui ont conduit les coéquipiers d’Owen Farrell jusqu’en demi-finale. La bonne santé des clubs anglais en Champions Cup sur ce début de saison est peut-être un signe. Les Anglais reviennent fort. Méfiance. Ils seront peut-être en lice pour remporter le Tournoi au moment de se déplacer au Groupama Stadium à Lyon à l’occasion du dernier match de la compétition (16 mars).

Nouveau staff, nouvelles conditions

L’équipe de France sera revancharde, c’est certain. Vexés de ne pas avoir réussi le pari de glaner un premier titre mondial à domicile. Mobilisés par l’idée de remettre les pendules à l’heure face aux Irlandais qui les ont battus à Dublin l’année dernière. Les hommes de Fabien Galthié ont beaucoup de levier de motivation au moment d’aborder ce Tournoi. D’autant plus qu’il s’agit d’une nouvelle page de quatre ans à écrire en vue du prochain Mondial en Australie en 2027. Mêmes ambitions mais avec un nouveau staff et de nouvelles conditions. Exit Laurent Labit et Karim Ghezzal partis au Stade Français, Fabien Galthié est désormais entouré de Patrick Arlettaz (Ex-Perpignan) pour coacher les arrières et de Laurent Sempéré (Ex-Stade Français) - avec Wiliam Servat - pour les avants. « Quand il a fallu remplacer les partants, j’ai pris ceux qui me semblaient être les meilleurs avec chacun son style, avec des vécus différents », explique le sélectionneur. Mais les conditions de travail vont quelques peu évoluer puisque le staff ne pourra plus disposer de 42 joueurs à chaque rassemblement comme ce fut le cas sur les dernières années. Les clubs du Top 14 qui ont beaucoup donné avant la Coupe du monde 2023 ont souhaité intégrer un avenant concernant la mise à disposition des joueurs internationaux. Désormais, Fabien Galthié ne disposera plus que d’un groupe de 34 joueurs pour préparer les rencontres. Un groupe « premium » de 34 plutôt que de 42. Et le mercredi soir, seulement 28 joueurs seront conservés et 6 seront remis à la disposition de leur club. Un dispositif qui n’est pour l’instant valable que pour le Tournoi des 6 Nations 2024 et la tournée d’été. D’autres négociations auront lieu pour définir le cadre jusqu’en 2027.

Sans Dupont ni Ntamack

L’autre particularité cette saison pour Fabien Galthié, c’est qu’il va devoir composer sans son capitaine et meilleur joueur : Antoine Dupont. Les demi-de-mêlée du Stade Toulousain et du XV de France a choisi de tenter l’aventure olympique avec l’équipe de France de rugby à 7 en vue des JO à Paris l’été prochain. Il sera donc en stage et en voyage avec les « septistes » à Vancouver et à Los Angeles durant la période du Tournoi des 6 Nations. Techniquement, Antoine Dupont ne jouera peut-être pas avec le XV de France durant l’année 2024. A moins qu’il ne revienne de ses vacances post-JO assez tôt pour pouvoir prétendre jouer contre les All Blacks lors de la tournée d’automne. Le staff va donc devoir imaginer un Tournoi sans Dupont, et également sans Romain Ntamack. Le demi-d’ouverture toulousain est en pleine rééducation depuis son opération du genou en août dernier. Il ne sera opérationnel qu’à la fin du mois de mars. La fabuleuse charnière Dupont-Ntamack qui avait obtenu le Grand Chelem en 2022 ne sera donc pas disponible. Heureusement Fabien Galthié pourra compter sur le duo Maxime LucuMatthieu Jalibert très en forme avec l’UBB depuis le début de la saison. Par ailleurs, sauf blessure, tous les autres joueurs aillant participer au dernier mondial postulent pour continuer l’aventure avec les Bleus. Y compris le pilier droit Uini Atonio qui a décalé sa retraite internationale pour se mettre à disposition de la patrie. Ce qui donne donc de nombreuses options à Fabien Galthié et son staff. Car aux cadres habituels de l’équipe de France, peuvent se rajouter aussi les « ovnis » du moment et la jeune relève des U20 champions du monde l’été dernier. Sans oublier le phénomène Emmanuel Mefou, qui a désormais ses papiers français et peut donc officiellement postuler pour être le nouveau numéro 5 du XV de France.

Des nouvelles pépites ?

Avec les Bleus du Mondial, Meafou et les U20 champions du monde, le staff a l’embarras du choix. Nul doute que l’ossature des Bleus, composée notamment des titulaires de la dernière Coupe du Monde ne devrait pas trop bouger. Mais dans le groupe de 34, il pourrait y avoir quelques nouveautés. Les prestations de l’arrière parisien Leo Barré par exemple ne sont pas passés inaperçues auprès du staff. Ni même celles de l’ouvreur castrais Pierre Popelin, étincelant avec le CO. Chez les U20, la liste des nouvelles pépites est longue et tous n’auront pas leur place dès le premier rassemblement. Mais Fabien Galthié sait qu’il peut aller puiser dans le vivier du rugby français. On peut citer notamment centre bordelais Nicolas Depoortere, le deuxième -ligne de l’USAP Posolo Tuilagui, l’ailier de Pau Théo Attisogbe, ou le troisième-ligne de l’UBB Marko Gazzotti. Les Bleus ne manquent pas de talent. Ainsi, sans Dupont ni Ntamack, et sans avoir briller lors du dernier Mondial, l’équipe de France va aborder le Tournoi des 6 Nations dans la peau d’un favori. Il n’y a finalement pas de raison que les Bleus ne remportent pas ce Tournoi. Les joueurs sont là. Il n’y a plus qu’à…

Le calendrier des Bleus

France – Irlande (vendredi 2 février à 21h – Marseille)

Ecosse – France (samedi 10 février à 15h15)

France – Italie (dimanche 25 février à 16h - Lille)

Pays de Galles – France (dimanche 10 mars à 16h)

France – Angleterre (samedi 16 mars à 21h – Lyon)
 
Le XV possible face à l’Irlande

Baille – Mauvaka – Antonio

Flament – Meafou

Jelonch – Alldritt – Ollivon

Lucu – Jalibert

Bielle-Biarrey – Fickou – Danty – Penaud

Ramos

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