Rugby - XV de France : La belle promesse Thomas Ramos
La rédaction

Spectaculaire et efficace en Top 14, la jeune garde toulousaine insuffle un savoureux vent de fraîcheur à une moribonde équipe de France. Un joli coin de ciel bleu qui permet de révéler enfin quelques pépites comme Thomas Ramos, arrière, buteur, et relanceur incandescent.

A la sortie des vestiaires du Stade de France le 23 février dernier, Thomas Ramos n’avait ni changé d’allure, ni travesti sa modestie et sa timidité naturelle. Sa notoriété nationale en revanche venait de prendre un sacré coup de boost. Plus nombreux que d’habitude, les micros se sont tendus. Pour sa première titularisation en Bleu, la France venait de gagner, enfin, face à l’Écosse, grâce notamment à un essai en début de match à l’initiative de l’arrière toulousain. « Je ne me suis pas posé de question, avoue l’intéressé. J’ai joué le rugby que j’aime. J’ai senti qu’il y avait un petit espace, donc j’ai tenté le coup… »

L’arrière toulousain a tenté une relance depuis ses vingt-deux mètres et l’action s’est conclu en beauté. C’est confirmé : le flair existe encore ! Il est compatible avec le niveau international. Il est même usé et abusé tous les week-ends par les joueurs du Stade Toulousain sur les terrains du Top 14. Thomas Ramos est forgé de ce fer là. Chez lui, le rugby est inné. « Mon père, mon grand père et mon oncle ont joué au rugby, à Mazamet ou à Aussillon », confie le jeune tarnais. Le rugby était dans l’héritage. « Depuis tout petit j’ai toujours tapé dans un ballon, explique Thomas. Parfois avec mon père. Parfois dans ma maison. J’ai toujours eu un ballon en main ou dans les pieds. La responsabilité du but s’est confirmée plus tard avec mes entraîneurs ». Un jeu au pied qu’il entretenait au poste d’ouvreur avec le SC Mazamet avant de rejoindre le pôle espoir de Jolimont à Toulouse. Thomas raconte : « J’ai été replacé à l’arrière en arrivant au pôle espoir. Et je me suis ensuite spécialisé. Je suis serein à ce poste. Il me correspond ». Au point que le Stade Toulousain n’a pas loupé le phénomène et lui a enfilé sans tarder un maillot rouge et noir. « Pour moi le Stade c’était énorme, confie Thomas. Je badais cette équipe quand j’étais petit. Donc quand les dirigeants du club ont dit à mes parents qu’ils voulaient de je signe chez eux, on n’a pas réfléchi longtemps ». Thomas a fini ses classes au Stade Toulousain mais la place en première n’est pas venue tout de suite. La case ProD2 s’est imposée à lui. Thomas joue une saison à Colomiers en 2017 et gagne en expérience et en confiance. Il devient meilleur buteur du championnat. Assez convaincant pour qu’Ugo Mola l’invite à revenir dans la maison toulousaine avec en prime la responsabilité du but.

Nouvelle génération, sans pression

Depuis une saison et demie, Thomas Ramos s’éclate avec son équipe toulousaine. Il incarne, avec Romain Ntamack et Antoine Dupont cet élan de jeunesse et de jeu qui symbolise le retour du Stade Toulousain au premier plan. Son intégration en Bleu n’était pourtant pas si évidente. Aux yeux de certains, Thomas souffre d’un petit gabarit qui ne correspond pas aux joutes internationales. Et pourtant. L’arrière toulousain a travaillé sa défense et optimisé ses prises d’initiatives. Il a des jambes de feu mais garde la tête froide. A Marcoussis, il détonne aussi par son calme et sa discrétion. Il semble totalement imperméable à la morosité ambiante et l’électricité qui règne au-dessus du XV de France en ce moment. Jacques Brunel est également impressionné par le comportement de l’arrière toulousain : « Il fonctionne comme si l’événement n’avait aucune prise sur lui », explique le sélectionneur. Thomas inonde le camp de base de sa fraîcheur et de sa décontraction naturelle. « Il est capable de jouer au ping-pong ou aux cartes deux heures avant le match, raconte son coéquipier Yoann Huget. C’est une nouvelle génération qui, sous la pression, vit les choses de façon assez simple ». Une simplicité qui ne fait que masquer sa maturité et sa détermination, sur le terrain comme en dehors. Parallèlement au rugby, Thomas prépare actuellement un BTS en immobilier. « J’aime apprendre, faire travailler mon cerveau pour me rendre compte que la vie, c’est aussi ça », explique le jeune Mazametain. Tout l’inverse d’un poulet sans tête.
 
Romain Amalric

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